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French Literature

of the 19th & 20th Centuries

Naturalisme

Le naturalisme prolonge, en l'exacerbant, le réalisme littéraire. Sous l'impulsion des frères Goncourt et d'Emile Zola, le naturalisme se développe en théorie littéraire : "Toute l'opération consiste à prendre les faits dans la nature, puis à étudier le mécanisme des faits en agissant sur eux par les modifications des circonstances et des milieux" (Zola, Le Roman expérimental). Le roman devient donc, plus que le produit d'une expression artistique individuelle, le lieu d'une expérience scientifique.

 

Emile Zola (1840-1902)

Zola n'est pas l'inventeur du mot "naturalisme", même s'il en est le théoricien. Baudelaire et Flaubert avait déjà utilisé ce terme à propos de Balzac. Zola n'est pas non plus un naturaliste "spontané", car ses débuts littéraires ont été très influencés par un grand romantique, Alfred de Musset, et jusqu'en 1866, ses productions étaient chargées d'un lyrisme classique.

En 1867, Thérèse Raquin annonce un nouveau style. S'inspirant des analyses quasi-médicales des Goncourt et des théories de Taine sur l'influence du milieu, Zola se pose en biologiste pour étudier un couple d'ouvriers comme on étudie des animaux dominés par leurs pulsions essentielles.

Cette première expérience ouvre la voie en 1868 à un plus vaste projet, Les Rougon-Macquart, qui comprendra finalement vingt volumes jusqu'en 1893. Ce projet littéraire, "l'histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire" [1852-1871], doit servir d'illustration au "roman expérimental", par lequel l'oeuvre littéraire est un "procès verbal" des effets que les passions humaines produisent sur les milieux et les circonstances. La Comédie Humaine de Balzac est naturellement un modèle pour Les Rougon-Macquart, mais Zola, qui se concentre sur une seule famille, a l'intention d'être plus précis et détaillé.

Même si le cycle des Rougon-Macquart porte les marques du temps où Zola écrit (la crise économique de 1880 dans L'Argent et la Terre, les conflits sociaux sous la Troisième République dans Germinal), Zola voit dans les vingt années du Second Empire (du coup d'Etat de Napoléon III en 1852 à la guerre franco-allemande de 1870 et l'insurrection populaire de la Commune de 1871) la métaphore d'un mouvement historique général, qui débute avec le triomphe de la bourgeoisie et du capital, entraînant l'écrasement de la classe prolétarienne (L'Assommoir) mais qui sera nécessairement suivi d'une révolte (Germinal) annonçant l'avènement prochain d'une société sans classe et plus juste.

Zola a été fortement critiqué par les forces conservatrices et bourgeoises pour son apologie des "basses classes". En même temps, Zola a aussi subi les attaques du camp progressiste, qui lui reprochait son déterminisme social et sa vision fataliste de la condition ouvrière.

Au-delà de son oeuvre littéraire, Emile Zola a pris part à des causes sociales réelles, à travers un militantisme actif en faveur des ouvriers exploités par le capitalisme montant et les classes au pouvoir. Son action a atteint un paroxysme avec l'affaire Dreyfus, un officier juif accusé de trahison et dont Zola a plaidé la cause dans son célèbre article J'accuse, paru dans le journal l'Aurore du 13 janvier 1898. Cet article pour la défense de la vérité et de la justice lui a également valu une condamnation qui l'a forcé à se réfugier en Angleterre jusqu'en 1900. Il meurt à Paris en 1902, par asphyxie, dans des circonstances qui restent encore mystérieuses.

© Denis C. Meyer-2009

 

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