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French Literature

of the 19th & 20th Centuries

Stendhal (1783-1842) : Existence ou Néant

C'est seulement en 1829, à l'âge de 46 ans que Stendhal (Henry Beyle), après une carrière d'officier dans la Garde impériale, d'oisif à Milan et de dilettante dans les salons parisiens, publie son premier roman d'importance, Armance. Un an après, en 1830, alors qu'il est Consul à Trieste, il publie son chef-d'oeuvre, Le Rouge et le noir. Dix ans plus tard, en 1840, paraît le dernier de ses grands romans, La Chartreuse de Parme.

Le projet littéraire de Stendhal peut être défini comme autobiographique, dans lequel l'écriture est utilisée comme un vecteur qui permet à l'écrivain lui-même d'incarner le personnage qu'il pourrait être. Ainsi, les différentes facettes du moi de Stendhal existent à travers les personnages de ses romans : "[Stendhal] se donne à soi-même plus d'une centaine de pseudonymes, moins pour se dissimuler que pour se sentir vivre à plusieurs exemplaires" (Paul Valéry). Stendhal explique lui-même son projet : "Il est très difficile de peindre ce qui a été naturel en vous de mémoire, On peint mieux le factice, le joué, parce que l'effort qu'il a fallu faire pour jouer l'a gravé dans la mémoire." Cette attitude égotiste de l'auteur a suscité la création d'un nouveau mot, le "beylisme".

Le Rouge et le Noir est basé sur deux faits divers (non liés entre eux) parus dans les journaux, qui relataient l'assassinat de deux jeunes femmes par leur amant respectif. Julien Sorel, héros du roman, jeune homme brillant mais issu d'une famille d'ouvriers-artisans de province, tombe amoureux de Madame de Rênal, femme mariée de l'aristocratie locale. L'affaire faisant scandale, Sorel part pour Paris, où il fait connaissance de Mathilde, fille du marquis de la Môle. Alors que Julien Sorel est sur le point de se marier avec Mathilde, Madame de Rênal, sur l'avis de son confesseur, accuse son amant d'être un arriviste sans scrupules, ce qui a pour effet de ruiner son mariage. Julien tente alors d'assassiner Madame de Rênal. Mis en prison, il est condamné à mort, en dépit des efforts conj.ugués de Mathilde et de Madame de Rênal pour le sauver. Le Rouge et le noir (l'amour et la mort) reflète les contradictions du monde que Sorel traverse : le monde candide de la province et celui de l'expérience initiatique de Paris, l'innocence et le faux, le bonheur et le drame, l'existence et le néant.

L'une des originalités de l'écriture de Stendhal réside dans la manière narrative, de type linéaire, mais que le lecteur suit à travers les yeux du héros, qui transforme le réel en matière subjective. Par l'usage du "je" et du monologue, le lecteur suit les mouvements de la pensée et des sentiments de Julien, ses hésitations, sa vision du monde. Le narrateur/auteur est donc effacé et ne donne pas l'impression de conduire, ou même de contrôler, la narration. Plus encore, le narrateur intervient parfois pour donner ses propres jugements, créant ainsi une distance plus grande encore vis-à-vis de l'oeuvre, qui acquiert une sorte d'indépendance.

La Chartreuse de Parme met en scène dans un style limpide et spontané une autre histoire d'amour impossible, avec pour toile de fond l'Italie sous la domination napoléonienne. Comme Julien Sorel, Fabrice del Dongo est un personnage séduisant, intelligent et courageux qui bénéficie de l'aide de femmes influentes. L'amour est au centre de la narration, comme si c'était la clé d'accès aux êtres et au Bonheur.

© Denis C. Meyer-2009

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