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French Literature

of the 19th & 20th Centuries

André Gide (1869-1951) : Contre les morales

L'oeuvre d'André Gide couvre plus d'un demi-siècle de l'histoire de la littérature française moderne. Depuis Paludes (1895) et les Nourritures terrestres (1897), jusqu'à son dernier écrit intitulé Thésée (1946), Gide illustre abondamment par la diversité de ses oeuvres la recherche à la fois d'une littérature potentielle et de l'individualisme de l'écrivain, sa quête du plaisir, de la sensualité liée au goût des choses.

Enfant de la bourgeoisie et d'héritage protestant, Gide consacre son oeuvre à s'inscrire contre la moralité traditionnelle; par une sorte de nouvel évangile, il rejette l'idée de péché, afin de goûter à tous les fruits de la terre (Les Nourritures terrestres) et que le moi, étouffé par règles et conventions, puisse s'épanouir. Son mariage avec sa cousine Madeleine Rondeaux, en 1895, n'empêche pas Gide de préférer l'attraction des corps masculins, qu'il a découverts lors d'un voyage de deux ans en Afrique du Nord, de 1893 à 1895.

Les récits de Gide sont ainsi marqués par l'ambiguïté entre morale bourgeoise et pulsions intérieures; dans La Symphonie pastorale (1919), un pasteur qui recueille une jeune aveugle prend peu à peu conscience que son intérêt pour elle n'est pas seulement une conscience évangélique, mais bien l'expression d'un désir charnel. Dans les Caves du Vatican (1914), Gide poursuit son travail de sabotage des valeurs catholiques et bourgeoises en carricaturant les dévôts de l'Eglise et les hommes de lettres; son héros, Lafcadio, ne semble entendre qu'une seule valeur, celle de la liberté.

Les Faux monnayeurs est souvent cité comme l'oeuvre majeure de Gide. Il s'agit d'une sorte de roman sur le roman où l'auteur montre à quel point la narration peut entretenir un potentiel inépuisable. Gide exploite la technique de la "mise en abyme", par laquelle le roman est placé en réfractions successives, renforçant le caractère "inépuisable" de la narration. Dans les Nouvelles nourritures (1935), Gide persiste dans la voie qu'il a tracée depuis longtemps : "La vie peut être plus belle que ne la consentent les hommes. La sagesse n'est pas dans la raison, mais dans l'amour. Ah, j'ai vécu trop prudemment jusqu'à ce jour. Il faut être sans lois pour écouter la loi nouvelle". Gide, le grand bourgeois à l'existence aisée, qui n'a jamais eu besoin de travailler pour vivre, et que Jean-Paul Sartre définit comme un écrivain qui "a vécu ses idées", s'engage brièvement dans la politique, s'inscrit au Parti Communiste, qu'il quitte presqu'aussitôt à la suite d'un voyage en URSS en 1936.

Gide reçoit le Prix Nobel de littérature en 1947. Il meurt en 1951.

© Denis C. Meyer-2009

 

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